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Que penser de « l’amnistie » des détenus iraniens par Khamenei ?

Que penser de « l’amnistie » des détenus iraniens par Khamenei ?

Par
Mansoureh Galestan

Récemment, la soi-disant « amnistie » de milliers de détenus, dont des prisonniers politiques, par le chef suprême du régime iranien, Ali Khamenei, a fait la une des journaux. Alors que les autorités et les experts de Téhéran célèbrent cette décision comme une « action humanitaire » et un « signe de force », les faits sur le terrain révèlent le contraire : le déclin de Khamenei.

Malgré la lourde répression du régime, le soulèvement national a persisté au cours des cinq derniers mois. En plus de brutaliser les manifestants, Khamenei a nourri sa paranoïa de chute par la propagande et la censure. L’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK) a annoncé qu’au moins 30 000 manifestants ont été arrêtés. Des vidéos iraniennes ont montré les forces de sécurité réprimer violemment les manifestants, tuant et emprisonnant des personnes non armées. Même si Téhéran l’a complètement nié, les médias d’État reconnaissent maintenant ce fait.

Le 8 février, tout en affirmant que Khamenei offre la clémence à « 30 000 à 40 000 prisonniers », le site d’État Royedad 24 a écrit : « Cette année, environ 100 000 prisonniers ont été graciés, ce qui est bien plus que l’année dernière. » Le média affilié à l’État rappelle ensuite les affirmations de Hassan Nowrozi, le vice-président de la commission judiciaire du parlement, qui soulignait en 2021 qu’il y avait près de « 240 000 prisonniers, les prisons sont en surcapacité ».

« Par conséquent, au moins 200 000 prisonniers se trouvaient dans les prisons iraniennes jusqu’à l’année dernière. Trente mille prisonniers et détenus des récentes manifestations représentent 15% de la population carcérale totale du pays, ce qui est un chiffre important», a ajouté Roydad 24.

« Pendant les manifestations, des rapports du pénitencier du Grand Téhéran, la prison de Fashafuye, ont indiqué que le nombre de détenus était si important que les détenus n’avaient pas d’endroit où dormir. L’un des détenus de la prison de Fashafuye a déclaré que les gens devaient dormir dans les escaliers et que même les couloirs ne pouvaient pas accueillir le nombre élevé de détenus. L’augmentation de 15% de la population carcérale du pays en quatre mois fait également monter en flèche les coûts », écrit le site Web.

« En septembre, Mehdi Hajian, le porte-parole des FARAJA, alias les forces de l’ordre de l’État, a annoncé que la garde de chaque détenu coûte environ 100 millions de rials. Supposons que le chiffre de 30 000 détenus lors des récentes manifestations soit correct. Dans ce cas, plus de 3 billions de rials par mois et 3,6 quadrillions de rials par an seront ajoutés aux dépenses de l’organisation pénitentiaire », ajoute Roydad 24.

En d’autres termes, garder les manifestants détenus coûte environ 79 millions de dollars par an au taux de change actuel du dollar. Contrairement à ce que de nombreux médias, responsables et experts de Téhéran tentent de laisser entendre, la récente « amnistie générale » de Khamenei a été un échec absolu et un signe de faiblesse pour plusieurs raisons :

Reconnaître l’arrestation de milliers de manifestants et les maltraiter démystifie les affirmations du régime de ne pas recourir à la violence contre les citoyens et annonce davantage de condamnations internationales.

Un tel volume de prisonniers politiques est un autre témoignage de la volonté du peuple iranien de changer de régime. Admettre son illégitimité à la veille de l’anniversaire de sa fondation brise le faux discours du régime sur sa « popularité ».

Admettre leur manque de budget pour gérer les prisons confirme la faillite économique du régime, mettant à bas les prétentions d’Ebrahim Raïssi, selon lesquelles il n’aurait aucun problème financier.

Des centaines de membres des familles des manifestants arrêtés se sont rassemblés devant les prisons pour demander au régime et aux responsables de l’État de libérer leurs proches. Méfiants face à davantage de tumulte social, de nombreux hauts et anciens responsables ont poussé le pouvoir judiciaire à faire quelque chose et à apaiser les tensions.

Surtout, le geste de Khamenei indique à quel point la « superpuissance régionale » autoproclamée est fragile face à la ténacité du peuple iranien et à son mouvement organisé de Résistance. Les courageux manifestants iraniens qui ont secoué les fondations du régime pendant le soulèvement ont rendu le régime désespéré par leur résistance dans les prisons.

La culture de la résistance menée par les membres et les partisans des Moudjahidine du peuple (MEK ou OMPI) a inspiré les manifestants à défier les tortionnaires du régime. De nombreux anciens détenus du MEK qui ont réussi à sortir de la prison déclarent que leur résistance systémique vis-à-vis des gardiens et des responsables de la prison a créé une culture généralisée de défi qui s’est propagé à d’autres manifestants nouvellement emprisonnés.

« Les émeutiers étaient de différents types. Certains d’entre eux ont été guidés par le MEK et n’ont pas regretté leurs actions. Certaines de ces personnes entretenaient des relations organisées avec le MEK, d’autres étaient influencées par les agents du MEK », a déclaré Mohammad Dehghan, l’adjoint légal de Raïssi, le 6 février, selon l’agence de presse officielle Fars.

Bien que la libération de certains prisonniers montre clairement la faiblesse du régime, cela ne signifie pas que Téhéran a réduit ses violations des droits humains. L’oppression domestique est le pilier de l’existence du régime, et les arrestations massives et le meurtre de plus de 750 manifestants en sont la preuve.

Alors que le régime indique un état de déclin, la communauté mondiale devrait augmenter la pression sur le régime clérical et utiliser cet élan pour envoyer une mission d’enquête dans les prisons iraniennes.

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